La grève dans l'auto américaine affecte GM, Ford et Stellantis

Une grève dans trois usines GM, Ford, Stellantis, pourrait plomber le quatrième trimestre, une période très active pour les ventes. Le puissant syndicat UAW réclame une hausse des salaires de 36% sur quatre ans, alors que les trois constructeurs ne proposent pas plus de 20%. 
Publié le: 2023-09-15 14:00:00
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Cela faisait longtemps. La dernière grève dans l’auto américaine remonte à 2019 et elle n'avait affecté que General Motors. Le puissant syndicat de l’automobile UAW a annoncé une grève dans trois usines ce vendredi à partir de 04H00 GMT, faute d'accord avec les "Big Three" de Detroit GM, Ford et… Stellantis. L’UAW a choisi à dessin une usine de chaque constructeur, Wentzville (Missouri) pour GM, Wayne (Michigan) pour Ford, Toledo (Ohio) pour Stellantis. Les trois sites totalisent environ 12.700 syndiqués. Le président du syndicat, Shawn Fain, a demandé à ses 146.000 membres travaillant pour ces trois constructeurs historiques de se tenir prêts. Le syndicat, qui a toutefois perdu de son poids depuis une quinzaine d'années, n'hésitera pas à étendre le mouvement, a-t-il d’ailleurs menacé. Les contrats salariaux passés entre le syndicat et les groupes automobiles sont quadriennaux. Les négociations ont commencé il y a deux mois pour discuter des nouvelles conventions collectives. Les actuelles ont expiré jeudi soir à minuit. Le moment est favorable aux syndicats. qui profitent d’un taux de chômage de seulement 3,5% en juillet. Et un double mouvement de grève paralyse déjà Hollywood depuis mai (scénaristes et acteurs). Le transporteur UPS y a échappé de peu, au prix d'une convention collective "historique" selon le syndicat des Teamsters. Les constructeurs automobiles japonais ou coréens, mais aussi Mercedes ou BMW, massivement présents industriellement aux Etats-Unis, n’ont pas, eux, de problèmes syndicaux. Ils se sont en effet prioritairement établis dans des Etats américains… non syndiqués ! Une grève, qui n'affecte que les "Big Three" par principe, ne peut que favoriser les concurrents étrangers. C'est d'autant plus rageant pour les groupes qui ont leur siège dans le Michigan à Detroit (GM) ou dans la banlieue (Dearborn pour Ford, Auburn Hills pour l'ex-Chrysler, Stellantis). Hausse des salaires L'UAW réclame une hausse des salaires de 36% sur quatre ans, alors que les trois constructeurs ne proposent pas plus de 20% (Ford), selon le dirigeant syndical. Les trois géants ont par ailleurs refusé d'accorder des jours de congés supplémentaires et d'augmenter les retraites, assurées traditionnellement par des caisses propres à chacune des entreprises. Dans un communiqué, Ford s'est dit "absolument résolu à parvenir à un accord récompensant les employés et protégeant la capacité de Ford à investir". Jim Farley, PDG de Ford, avait reproché jeudi à Shawn Fain de vouloir une "grève historique dans les trois groupes". Une grève … qui tombe mal pour l'automobile. "On arrive au quatrième trimestre, période durant laquelle on voit le plus de ventes de pick-ups et de gros SUV ", assure Jessica Caldwell, du site spécialisé Edmunds.com. Paradoxe : cette grève, si elle se confirme, arrive en plein salon de Detroit (du 13 au 24 septembre), une manifestation qui n’a certes plus du tout le retentissement international d’antan mais reste cruciale pour les constructeurs américains ! La grève de 2019 avait duré six semaines. Une grève de dix jours pourrait représenter plus de cinq milliards de dollars de perte de revenus pour l'économie américaine, selon le cabinet Anderson Economic Group (AEG). Sans compter qu''n conflit social prolongé pourrait par ailleurs avoir des répercussions politiques pour le président Joe Biden. Et ce, à un peu plus d'un an du scrutin présidentiel. Joe Biden a parlé au téléphone jeudi soir avec Shawn Fain ainsi qu’avec les dirigeants des constructeurs. Parmi ses revendications, l'UAW plaide aussi pour la sécurité des emplois pendant la transition vers les véhicules électriques. Joe Biden veut que la moitié des voitures vendues en 2030 aux États-Unis soient électriques, à hydrogène ou hybrides rechargeables. L'ancien président Donald Trump, qui espère se faire réélire en 2024, a justement appelé les membres de l'UAW à "faire de l'abrogation complète et totale de l'insensée obligation de véhicules électriques de Joe Biden leur requête principale et non-négociable". Sans cela, a-t-il prédit, "l'industrie automobile américaine cessera d'exister et tous vos emplois seront envoyés en Chine". La grève aura donc des conséquences politiques autant qu’économiques, notamment pour Stellantis qui y réalise une partie importante de ses profits. Le pick-up F en tête Reprenant l’héritage des Chrysler, Jeep et autres Ram avec la fusion FCA-PSA, Stellantis a réalisé une marge opérationnelle au premier semestre de 17,5% en Amérique nord (10,7% en Europe). Stellantis y réalise 32% de ses ventes, mais carrément 57% de ses profits. Ram et Jeep représentent quasiment 70% des ventes nord-américaines de Stellantis. La rentabilité des opérations en Amérique du nord est donc une constante. C’était déjà le cas du temps de Fiat Chrysler (FCA) . En 2019, avant le Covid, ce marché ne générait-il pas 68% du chiffre d’affaires du groupe italo-américain et… plus de 100% du résultat d’exploitation de ses activités automobiles ? General Motors est moins rentable (8,3%), Ford aussi (7,1%). Sur le semestre, General Motors a écoulé aux Etats-Unis 1,3 million de véhicules (+18%), devançant Toyota (1,04 million, -0.7%), Ford (999.800 unités, +9.9%), le Coréen Hyundai-Kia (820.000, +17%), Stellantis (806.80 -1.3%). Les Américains restent attachés à leurs " Full Size pick ups" , dont les "Big Three" sont les grands spécialistes. Ce sont eux qui les ont sauvés largement de la quasi-faillite dans les années noires 2009-2010. Ces véhicules demeurent à fortes marges pour les constructeurs. Depuis plus de quarante ans, le Ford F est en tête du marché américain (tous modèles confondus), avec même une hausse de 28% sur six mois. Il y devance ses rivaux Chevrolet Silverado et Ram (Stellantis). Les Américains achètent globalement de gros modèles, pick-ups ou SUV, en soi bien plus profitables, dont la technologie est plus rustique et moins onéreuse que les modèles européens à petits moteurs hyper-sophistiqués. Les Jeep vendues aux Etats-Unis sont ainsi beaucoup plus "juteuses" que celles vendues en Europe.
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