Quand Mélenchon utilise le pape François pour cogner… Macron!
EDITO – Jean-Luc Mélenchon se fait le chantre d’une laïcité cool sur l’abaya, mais dure sur la présence de Macron à la messe du Pape François à Marseille. Le “Lider maximo” de LFI n’est plus à une contraction près.
Publié le: 2023-09-17 11:28:46
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Décidément, Jean-Luc Mélenchon est d’humeur (et de pensée) changeante. Ainsi est-il ardent partisan d’une laïcité dite “ouverte”, une laïcité cool et sympa, quand il s’agit de soutenir les jeunes filles de religion musulmane qui, au collège et au lycée, voudraient vêtir une abaya-vêtement crypto religieux et, sans conteste, arme de combat politique. Au passage, le “Lider maximo” de La France Insoumise (LFI) a une fois encore provoqué une nouvelle déchirure, profonde et qui laissera des traces, avec ses partenaires de la Nupes -socialistes, Verts et communistes. Mais quelques jours plus tard, position inversée, il s’est fait défenseur véhément d’une laïcité intransigeante, d’une laïcité sommée de se tenir au plus loin des religions. Lire aussi Présidentielle 2027: la belle cote de Jean-Luc Mélenchon "l'insubmersible" - Challenges Emmanuel Macron venait en effet de faire savoir qu’il assisterait à la messe que le Pape François célébrera vendredi 22 septembre au Stade Vélodrome de Marseille à l’occasion des 3èmes rencontres méditerranéennes , regroupant 70 évêques et des jeunes venus d’Afrique du Nord, des Balkans, de l’Europe, du Moyen-Orient –des rencontres consacrées à la si décisive question migratoire. LFI et son chef ont cru dégoter là une nouvelle occasion de cogner le chef de l’État. Peu importe qu’ils se contredisent. L’essentiel, comme à l’accoutumée? Se payer Macron. Et pas dans la finesse. Mélenchon et ses apôtres Jean-Luc Mélenchon, d’abord: “Macron tape l’incruste sans respect pour sa propre fonction. Les sifflets à la messe seront pour lui, et pas pour le pape”. Un “vieux” politique -72 ans- qui se pique de parler la langue des jeunes, “taper l’incruste”… Ça en devient lassant… Il est aussitôt relayé par la députée de paris, Danièle Obono -elle non plus ne fait pas ni dans la dentelle, ni dans le vocabulaire châtié: “Ça va à la messe du pontife… Ah bah, y’a plus de laïcité qui tienne, tout d’un coup? Tartuffe”. Thèse reprise en boucle par le député de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud, l’un des disciples les plus fervents de Mélenchon: “Macron se moque de la laïcité et piétine ses principes -la séparation des Églises et de l’État, la neutralité de l’État vis-à-vis des religions”. Thèse également reprise par un autre député LFI de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière, anciennement professeur d’histoire et ce, sur un ton modéré: “Je suis en désaccord avec le fait qu’un élu, et en particulier le président de la République, participe ès qualités à une cérémonie religieuse”. Au-delà des polémiques factices, des apostrophes grossières bien dans la manière Mélenchon-LFI, la remarque d’Alexis Corbière, partagée notamment par le communiste Fabien Roussel, mérite attention et réflexion. Ce débat ne serait pas médiocre si les différentes réflexions et positions allaient au-delà de l’affrontement politique, s’il permettait de dégager des lignes force sur notre conception en principe commune de la laïcité. “En tant que président, pas en tant que catholique” Le président de la République a d’ailleurs pris cette polémique au sérieux. Pour répliquer à Mélenchon eu aux siens, il a aussitôt fait savoir qu’il participerait à cette messe “en tant que président, et pas en tant que catholique”. Pour renforcer cette distinction que d’aucuns peuvent considérer comme spécieuse, il a tenu à cette précision: “Je n’aurai pas moi-même de pratique religieuse lors de cette messe”. En clair, Emmanuel Macron ne participera pas à l’eucharistie, il ne communiera pas, il ne se présentera pas pour recevoir l’hostie. Donc “sa présence au Stade Vélodrome, affirme son entourage à l’Élysée, ne remet pas en cause la neutralité de l’État”. Et de rappeler le mot du général de Gaulle, catholique pratiquant sans pour autant négliger la laïcité: “La République ne communie pas”. Le précédent VGE Macron, pour le coup, en disciple de de Gaulle… et de Valéry Giscard d’Estaing qui, le 30 mai 1980, participait à la messe célébrée par le pape Jean-Paul II sur le parvis de Notre-Dame. “Mauvais quart d’heure pour la séparation de l’Église et de l’État”, avait alors titré Libération , ajoutant que “la France sortait de la modernité par la petite porte”. Quarante-trois ans (!) plus tard, nous reprenons les mêmes confrontations nourries par les mêmes arguments, avec d’identiques hypocrisies pseudo-politiques, pseudo-stratégiques. Mélenchon s’était abstenu de toute critique quand Emmanuel Macron, élu depuis quelques semaines, avait participé en juin 2017 au dîner de rupture du jeûne du Ramadan. Fatigant. Sans compter la personnalité et la ligne “politique” de ce pape argentin qui rend plus improbable encore cette ixième polémique. Quand François a été élu en mars 2013, Jean-Luc Mélenchon, “compagnon de route” de l’extrême-gauche sud-américaine, ne dissimulait pas une virulente hostilité. Il l’accusait d’avoir soutenu tout ce qu’il y a eu de pire sur le continent, notamment les dictateurs-généraux argentins et leur chef Videla. Quatre années après, en 2017, à l’épreuve des faits, le virage est pris. “Le pape François nous aide beaucoup” , reconnaît Mélenchon, songeant à l’évidence au drame des migrants -précisément le thème de ces rencontres de Marseille. Lire aussi Le pape François dénonce les décès de migrants en mer, "une plaie pour notre humanité" - Challenges Les positions du Souverain pontife et du leader de la gauche radicale française sont en effet identiques: “porte ouverte” aux migrants. François rend “hommage aux migrants et aux souffrances qu’ils endurent à la recherche d’une vie meilleure”. Mélenchon avait d’ailleurs fait savoir à l’époque qu’il rencontrerait volontiers François, accablant pourtant le premier ministre Jean Castex quand celui-ci, en octobre 2021, sera reçu au Vatican, “un bigot d’État”. Une contradiction supplémentaire. Jean-Luc Mélenchon n’est plus à cela près.